Dépression, stress, surpoids, tabagisme… les entreprises s’impliquent de plus en plus dans la santé de leurs salariés. Un fumeur coûte en moyenne 4 600 euros de plus qu’un non fumeur à un employeur.
Fumer nuit gravement à votre santé… et à celle de votre entreprise ! Désormais, on pourrait presque voir inscrit ce message de prévention au dos des paquets de cigarettes. C’est en tout cas ce que révèle une étude américaine, rendue publique ce mardi par la revue Tobacco Control. Selon l’étude, un fumeur coûterait donc en moyenne 4 600 euros à son employeur.
Un chiffre qui peut varier entre 2 200 euros et plus de 7 700 euros en fonction du secteur d’activité et de l’emploi, pas du nombre de paquets fumés par jour ! Ici pas question de pointer du doigt les gros fumeurs à la différence des fumeurs plus modérés. Quel que soit son profil, un fumeur fait perdre de l’argent à sa boîte, selon l’étude de Tobacco Control.
Ainsi les pauses clopes successives représenteraient un manque à gagner moyen de 2 350 euros par employé et par an. L’absentéisme coûterait environ 395 euros, et le présentéisme (le fait d’être présent mais moins productif à cause de l’addiction à la nicotine), environ 353 euros par an et par fumeur. Un autre point important, les dépenses de santé. Leur surcoût lié à l’addiction au tabac atteindrait pour l’employeur un montant de 1 570 euros par an et par employé fumeur.
De l’autre côté de l’Atlantique, les entreprises américaines ont déjà entrepris des mesures visant à réduire ces coûts, et éventuellement sevrer leurs employés. Ainsi certaines boîtes imposent aux fumeurs un supplément de cotisation pour leur assurance santé. D’autres refusent catégoriquement d’employer un fumeur. Enfin certaines licencient le fumeur s’il n’a pas arrêté après une période donnée.
Certaines entreprises ont offert la possibilité à leurs employés de venir gratuitement ou avec une petite participation au centre laser anti-tabac pour arrêter de fumer. D’autres proposent une prime à leur employé s’il arrête de fumer.
Vous êtes accro à la cigarette? Pourquoi ne pas vous tourner vers votre patron pour remédier à cela. Les entreprises ne se préoccupent plus seulement de la santé psychique des salariés : elles sont de plus en plus nombreuses à proposer différents programmes de remise en forme passant de la lutte contre l’obésité à l’arrêt du tabagisme. « Les ressources humaines ont pris conscience de l’intérêt d’avoir du personnel en bonne santé, car ceux-ci sont demandeurs de ce bien-être au travail aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur de l’entreprise. Et visiblement cela plaît: d’après un sondage BVA pour la société Protéines, 70 % des personnes interrogées se déclarent satisfaites de cette démarche.
Les entreprises ont tout à y gagner
Les employeurs font preuve d’altruisme certes, mais ce n’est pas gratuit. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), les programmes d’activité physique au travail peuvent réduire de 32% les congés maladie et donc conduire à une économie de 250 euros par salarié et par an. Ces mesures permettent également des rendements plus importants puisqu’un employé physiquement actif est 12% plus efficace qu’un sédentaire.
Idem pour les fumeurs: selon une étude de l’institut CSA santé publiée en 2009 une personne habituée à fumer un paquet par jour prend huit pauses quotidiennes ce qui représente près de 80 minutes. Sans compter les problèmes de concentration et les arrêts maladie (19% pour les fumeurs dans les 6 derniers mois contre 11,5% pour les autres). « Les problèmes de santé des salariés ont une répercussion directe sur leur entreprises car ils entraînent l’absentéisme. Ces services permettent aux employés de se sentir plus concernés par leur travail et donc plus productifs » explique Raphael Gruman de la société Dietatwork.
« Une entreprise qui veut durer dans le temps doit savoir s’occuper de la santé de ses salariés. »
S’occuper de la santé de ses salariés peut également avoir un impact bénéfique à l’extérieur de l’entreprise. Selon le baromètre BVA pour la société Protéines, 73% des gens interrogés se disent plus enclins à acheter les services d’une société sachant qu’elle se préoccupe du bien-être de ses troupes. Un chiffre qui montre que les entreprises efficaces dans ce domaine voient indéniablement un retour sur investissement. « Une entreprise qui veut durer dans le temps doit savoir s’occuper de la santé de ses salariés sinon elle va voir flamber le turn-over et la démotivation », ajoute Nicolas Brosset. Ces actions renforcent même le sentiment d’appartenance des salariés. « En multipliant les programmes, on peut générer plus de relations positives avec son employeur. Et c’est un facteur de fidélité à l’entreprise », soutient Estelle Becuwe.
Seul hic: ces mesures s’appliquent en priorité aux salariés de grands groupes à l’instar de Danone, Nike ou Apple plus enclins à mettre la main au portefeuille. Les campagnes de santé comme dans les TPE-PME passent souvent par une demande des employés